Faire un voyage en Islande à vélo n’était pas du tout la plus simple de nos aventures, mais la nature humaine fait en sorte que le corps s’habitue strictement à tout y compris le froid, la chaleur, les averses et les montées fort désagréables. Ça serait un mensonge si nous disions que la rencontre avec les difficultés fut sans souci. Au début, nous avions beaucoup de doutes. Beaucoup.

Les voyageurs dans les campings où ailleurs jugeaient nécessaire de nous regarder avec pitié et dire quelque chose comme « vous êtes des gens courageux, mais moi personnellement, je ne ferais jamais le tour de l’Islande à vélo ». Tout ce qui nous restait à faire était de les regarder partir dans leurs voitures bien chaudes et douillettes pendant qu’il n’y avait aucun centimètre carré sec sur nos vêtements.  Je rêvais d’abandonner tout, de prendre la voiture ou au moins le bus pour passer à travers les passages les plus difficiles de notre route. Après 10 jours, pourtant, nous avons arrêté d’y penser. Voyager en Islande en voiture est considéré par défaut, comme la meilleure, voire unique, façon d’explorer ce pays spécifique et sauvage. Pour être même plus cool, vous pouvez louer un super 4×4. Nous voulions savoir si c’est tellement mieux, du coup nous avons décidé de faire un tour de la péninsule de Snæfellsnes en voiture. Je dois avouer, que nous n’avions plus simplement de force pour faire cette partie à vélo, mais partir sans visiter l’entrée au « centre du monde » ? Impossible !

Snæfellsnes peninsula, Iceland

A Reykjavik, nous avons loué une Hyundai la plus modeste qui soit chez Budget Car Rent et à 8 :00 nous sommes partis en direction de Snæfellsnes. A 21 :00 nous étions déjà de retour après 500 km de route.

Quel ressenti après une période à vélo aussi longue ?

Super. Pendant une heure. La voiture était tellement confortable et chaude à l’intérieur, nous nous sentions comme dans un vaisseau spatial. Nous volions presque à travers ces paysages à couper le souffle en écoutant de la musique et en observant les gouttes de pluie qui glissaient lentement sur le parebrises. Je répète : pendant seulement une heure. Encore une demi-heure et nous nous remercions d’avoir fait ce voyage à vélo. Je vous explique pourquoi.

Imaginez, vous êtes installés confortablement sur un siège tellement moelleux, vous admirez les paysages, vous vous sentez super-bien. Mais le moment arrive quand il faut sortir et rencontrer directement la pluie et faire quelque chose qui n’est pas « être dans la voiture ». Personnellement, je n’avais aucune envie d’en sortir et faire quoi que ça soit. Pas de randonnée, pas de promenade, rien. Je suppose, quand il fait beau, ce n’est pas pareil, mais nous n’avions pas de chance. A vélo nous sommes tout le temps au contact de l’environnement, nous faisons partie de l’environnement, alors ce que propose la nature devient…naturel.

En Islande les règles de conduites sont assez sévères – les arrêts hors des routes ou des emplacements désignés sont interdits. Ce qui veut dire que pendant notre petite sortie d’une journée nous avons eu plusieurs fois la situation : « Oh, faisons une pause, je veux prendre la photo. Où ? Je ne peux pas m’arrêter ici. Ok, d’accord, oublie”.

Ce genre de voyages, nous l’appelons « consommer ». On bouge d’un point A défini par je-ne-ais-pas-qui jusqu’au point B, où on s’arrête docilement pour prendre la photo. Comme chaque touriste autour de vous.

Franchement, mais qui a dit que conduire n’est pas fatiguant ? Parce que c’est fatiguant. Pas physiquement, bien sûr, mais mentalement. La chaleur, la vitesse, c’est même difficile à dire exactement ce qui nous a transformés en pommes de terre bouillies, vu que nous n’avions strictement rien fait de toute la journée appart d’être assis dans la voiture et regarder la route. A vélo, cependant, nous pouvons observer les efforts appliqués et le résultat comme l’esprit alerte, le corps fort et le sommeil profond.

Ces 500 km ont paru très longs et trop monotones. La vitesse 90 km/h n’offre pas beaucoup de possibilités de remarquer chaque changement dans le paysage. De plus, il faisait aussi moche que le matin, il n’y avait aucune différence. Pour faire 500 km à vélo il nous aurait fallu encore une semaine et soyez sûrs, que tout aurait été beaucoup plus diversifié.

En disant tout cela, nous n’avons pas pour but de traiter tous les voyageurs en voiture de ratés qui n’ont pas compris le sens de vie. Nous comprenons très bien que tout le monde n’aime pas faire du vélo ou n’a pas assez de temps pour les voyages aussi longs. Mais c’est une conclusion pour nous: il vaut mieux prendre plus de temps et explorer une région plus petite, mais le faire plus lentement. A vélo dans notre cas, quoique en Islande nous avons rencontré beaucoup de gens qui carrément marchaient autour du pays. Voilà comment on peut explorer n’importe quel pays plutôt que le consommer, à notre sens.

A votre avis quelle est la différence entre exploration et consommation ? Nous aimerions savoir ce que vous en pensez, vous ! :p  Et si vous avez visité l’Islande en voiture et que vous avez aimé, venez pousser un coup de gueule ;)