Mars 2020

Ça fait maintenant plusieurs articles que je mentionne le mystérieux voyage en Jordanie qui a marqué la fin d’une époque et a commencé quelque chose de nouveau et de différent. Je parle de ce qui a touché littéralement toute la population du monde entier : la pandémie de coronavirus. Après notre voyage à tandem autour de l’Islande en 2015, nous avons décidé que la prochaine GRANDE aventure cycliste se déroulerait en Jordanie – il nous a fallu quatre ans de rêves et de délais pour finalement fixer la date… La date qui est tombée pile sur le début du confinement de toute la planète. Avec le recul, notre décision d’aller à Amman malgré la tension et les nouvelles inquiétantes (sans parler du désastre concernant l’approvisionnement en papier toilette et en pâtes qui se déroulait à ce moment à Londres) semble particulièrement stupide, mais qui aurait pu imaginer comment cette histoire de coronavirus se développerait ?

Alors, pendant que la panique augmentait, pendant que les pays fermaient leurs frontières les uns après les autres, nous avons quand même pris l’avion pour la Jordanie en espérant que l’hystérie autour du covid allait s’éteindre de même façon qu’elle a commencée. Les routes désertes de Jordanie avec le désert comme compagnon de voyage – n’était-ce pas le meilleur endroit pour se cacher du virus ?

*en train de rire amèrement en octobre 2021*

Ce qui s’est passé ensuite est facile à deviner : nous avons passé deux jours complets, presque insouciants, à explorer Amman. Chaque fois que nous ouvrions des actualités, nous nous sentions à la fois perplexes et indifférents, et secrètement ravis de ne pas être restés à Londres avec nos colocataires pour vivre à travers cette folie. Mais cette situation n’a pas duré longtemps. Le troisième jour, tous les sites touristiques ont été fermés pour une « désinfection » qui ne devait pas durer plus d’une semaine. Le quatrième jour, les restaurants ont suivi, puis les compagnies de livraison, puis le confinement total dans tout le pays a été annoncé. Nous avons dû réfléchir de quoi remplir nos journées, vu que nous n’avions rien d’autre sur nous que notre équipement de vélo. Qu’est-ce qu’on se pellait dans notre airbnb !

Déjà à ce moment, nous ne pensions plus à notre voyage. Nous n’avions ni plaintes ni de regrets car il se passait quelque chose de bien plus grand que nous et nos projets. Le tandem est resté dans son carton sans jamais être déballé. Lorsque les courses alimentaires sont également devenues impossibles, nous avons dû admettre que « l’histoire du virus » durerait probablement plus longtemps que nous ne le pensions. Heureusement, l’ambassade de France avec d’autres ambassades européennes en Jordanie organisaient une évacuation, nous avons donc mis nos noms sur la liste des personnes souhaitant quitter le pays.

Déjà à ce moment, nous ne pensions plus à notre voyage. Nous n’avions ni plaintes ni de regrets car il se passait quelque chose de bien plus grand que nous et nos projets. Le tandem est resté dans son carton sans jamais être déballé. Lorsque les courses alimentaires sont également devenues impossibles, nous avons dû admettre que « l’histoire du virus » durerait probablement plus longtemps que nous ne le pensions. Heureusement, l’ambassade de France avec d’autres ambassades européennes en Jordanie organisaient une évacuation, nous avons donc mis nos noms sur la liste des personnes souhaitant quitter le pays.

Le pire, c’est que nous n’avions pas le droit d’emmener notre tandem avec nous car c’était un bagage de grand dimension et personne ne voulait s’en occuper, ce qui à ce moment-là était tout à fait compréhensible. Le pauvre a dû rester une année entière dans les sous-sols de l’ambassade de France avant que nous ne trouvions un moyen de le ramener en France et de la réunir avec notre famille de vélos.

Quant à Amman, nous avons eu un assez bon aperçu de la ville en deux jours et demi de liberté. Amman est tellement différente de ce que nous avons l’habitude de voir lors de nos voyages, on aurait dit un décor de cinéma ou plutôt une toute nouvelle planète. Des maisons ressemblant à des boîtes jaunes éparpillées à travers les collines – les traverser nous a fait apprécier notre décision de prendre de bonnes chaussures de randonnée. Ironiquement, Amman s’est avérée impossible à parcourir à vélo. Je pense que ce n’est pas le cas. C’était bizarre de venir en Jordanie et de rester uniquement à Amman, laissant pour plus tard ses trésors plus célèbres comme les déserts de Petra et du Wadi Rum. Bon, on y reviendra plus tard. J’espère bien.

Quoi qu’il en soit, tout était pour le mieux : si nous étions restés à Londres, nous aurions définitivement passé un confinement horrible et cher étant enfermé dans une colocation. A la place, nous avons été évacués vers la France où nous avons pu nous installer dans une grande maison familiale à Pau, nous avons pris deux poulettes adorables, exploré le Béarn et le Pays Basque (les articles sont encore à venir !), appris à surfer et fait des choses complètement différentes de ce qui était initialement prévu. C’est la beauté de la vie. Quant à Jordanie, il lui faudra attendre ou c’est plutôt nous qui devrons attendre.