Juin 2019

Les escales inattendues sont toujours un régal, surtout dans les endroits où l’on n’est jamais allé et pour être totalement honnête, n’avait jamais eu l’intention explicite de visiter. Je suis également curieuse de tout pays de la planète, je ne peux donc pas dire que la Moldavie ne m’a jamais attiré comme destination, mais je mentirais si je disais que c’était sur mon radar immédiat. D’autant plus que la Moldavie, tout comme l’Ukraine, “avait de la chance” de faire partie de la “glorieuse” URSS, en tant qu’Ukrainienne j’ai donc un préjugé naturel que la Moldavie serait très similaire à ce que nous voyons quotidiennement dans notre pays.

Cependant. À ce moment-là, cela faisait six ans que j’avais quitté l’Ukraine, j’ai donc eu beaucoup de temps pour vivre des vies différentes et développer un autre angle envers les pays “similaires”, du moins dans mon apriori. En Ukraine, j’ai commencé à me sentir non pas comme une touriste mais plutôt comme une spectatrice extérieure, ce qui faisait que la Moldavie me semblait comme une terra incognita totale. Ainsi, avec un billet Wizzair en main, j’ai embarqué dans un avion Beauvais-Chisinau avec pour projet de rejoindre le train Chisinau-Kyiv le lendemain.

Mon avion a atterri assez tard, donc tout ce que je pouvais faire après un vol très épuisant avec des enfants qui pleuraient et un voisin très bavard était de tomber sur le lit de mon auberge de jeunesse. Je me prends encore pour une jeune 😀
Le matin, je suis sortie explorer la ville. Comme je ne suis pas une marcheuse très endurante (assez atypique pour une blogueuse voyage, je sais !), je me suis d’abord rendu dans un magasin de location de vélos pour prendre mon propre moyen de transport. Après tout, je dois justifier un vélo sur notre logo, non ?

Me voici sur deux roues, avec toute la ville à ma disposition. Sur la carte maps.me j’ai préalablement préparé les spots qui me semblaient intéressants puis je me suis lancée sur les routes de Chisinau. En une journée, je n’aurais jamais pu voir autant de choses si j’avais été à pied ou en transports en commun. Si vous pensez qu’il s’agit simplement d’une publicité pour un vélo, vous avez bien raison car c’en est le cas.

Ma liste comprenait le suivant : l’ancien bâtiment du cirque soviétique (j’ai un faible pour le brutalisme soviétique et je n’ai pas honte de l’admettre), un grand parc dont je ne me souviens plus du nom, littéralement toutes les rues du centre-ville, le musée historique et quelques endroits issus des suggestions de Google. J’ai parcouru une quarantaine de kilomètres, la seule chose que je regrette maintenant, c’est de ne pas avoir noté ce que j’ai vu et où je suis passée précisément. 🙁

Comment décrirais-je mes impressions sur Chisinau… ? Même si c’est quelque chose que je détesterais entendre parler de mon propre pays, elle ressemble en effet beaucoup à n’importe quelle ville ukrainienne de taille moyenne. La ville possède en effet beaucoup d’héritage soviétique en termes d’architecture, d’urbanisme, de présence de la langue russe (qui, je l’espère, mourra bientôt, la guerre déclenchée par les Russes fait tout pour accélérer ces processus). En même temps, Chisinau a l’air… plus sauvage ? En Ukraine, on connaît la Moldavie d’abord pour ses vins (et je suis presque sûre qu’en France personne n’en sait absolument rien), donc cette ambiance méridionale se manifeste clairement. Les raisins sont partout – je les ai vus dans les parcs publics, dans les jardins privés, ils poussent juste dans les rues, et il y a quelque chose de très cozy de familial dans ces vignes envahissantes. Elles m’ont probablement renvoyée dans mes souvenirs d’enfance et dans la maison de mes grands-parents dans un village près de Kherson.

Au cours des quatre dernières années, j’ai quelque peu changé mon point de vue sur l’esthétique. À l’époque, j’étais dans la phase “Le laid est beau” et j’étais vraiment fascinée par les vieilles maisons soviétiques éparpillées dans les pays de l’ex-URSS. Aujourd’hui, ce que je vois en premier lieu, c’est la tristesse. Je ne veux pas devenir “une touriste occidentale” à la recherche d’une “beauté laide et authentique locale”. Je veux que les gens vivent dans des conditions décentes, voilà tout.

Dans l’ensemble, j’ai passé une très bonne journée en mode “solo female traveler’. Le point culminant était bien sûr la nourriture – j’ai trouvé un petit restaurant servant de la cuisine moldave et j’ai vraiment adoré ! Ainsi, j’ai découvert que Mamaliga n’était pas seulement un mot rigolo que je croyais être une invention de mon père, mais une bouillie de semoule de maïs très délicieuse. Bien entendu, je ne me suis pas privée du plaisir de la dégustation de vins locaux. Le vin était si bon que j’en ai acheté deux bouteilles pour ma famille et j’ai ensuite regretté de ne pas en avoir apporté davantage. J’ai même commencé à rêver de revenir avec Xavier pour une dégustation de vins plus approfondie ; nous verrons si ce projet prend vie un jour.

Le voyage en train que j’attendais avec impatience m’a malheureusement rappelé les inconvénients du “solo female travel”. Le steward de mon wagon (qui est resté complètement vide jusqu’au matin, bien après notre traversée de la frontière) s’est d’abord montré amical, puis est devenu un peu trop présent. J’ai apprécié une petite conversation avec des fraises qu’il a partagée avec moi, mais l’info sur combien de temps il était resté sans rapports sexuels et avec quelle facilité il pouvait déverrouiller la porte de mon compartiment dans la nuit était… bin clairement effrayante. Ce n’est pas avec cela que j’aimerais terminer mon histoire, mais en même temps, c’est ce qui se passe lors des voyages en solo, donc le mettre en mots serait tout simplement honnête. Mes bonnes impressions sur Chisinau n’en sont pas affectées. Du personnel du CFM (SNCF locale) – SI.

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