– Est-ce que vous savez comment on appelle les cyclistes qui voyagent autour d’Islande ? On les appelle des malades. (c)

Eh oui, après 7 jours de voyage nous avons compris, que cette remarque avait un certain sens. Je pense aussi que si on avait su comment ça serait, on aurait choisi une autre destination (comme les Pays Bas par exemple) après notre tour à vélo autour du Danemark. Pourtant, nous sommes là et vivants. :) C’est donc l’heure d’en tirer les conclusions et de partager cette expérience avec tous les malades qui vont faire le voyage en Islande à vélo ou, comme dans notre cas, à tandem.

Iceland by bicycle

Itinéraire

Pas de plans, pas de stress, pas de billet de retour. Rien que le feeling. C’était notre état d’esprit lors de notre voyage. Nous allions où nous voulions, nous n’avions pas de buts précis, nous restions quelques jours au même endroit si on se sentait fatigués et épuisés. Nous attendions si le vent de face était trop fort.

Si vous faites du vélo en Islande, soyez gentil avec vous-même. Ce n’est pas la peine de forcer avec 8 km/h par vent de face si le lendemain vous pouvez facilement faire 100 km avec 20km/h en moyen. Avec cette attitude on a passé 40 jours à tandem et voici notre itinéraire.
Les dates de notre voyage (y inclus la période à vélo + une semaine à Reykjavik) : 15.08.2015 – 30.09.2015

N’oubliez pas de vous procurer une carte pour les cyclistes officielle comme celle-ci soit en ligne, soit dans les office de tourisme en Islande.

Transport

Le tandem est quelque chose de fantastique surtout quand il ne s’agît pas de le transporter. Comment cela c’est-il passé cette fois ?

Aller en Islande : Depuis notre position actuelle (Toulouse) nous avons pris l’avion jusqu’à Keflavik avec l’escale à Londres. Le tandem a voyagé dans sa caisse originale qui était très renforcé à l’aide de scotch tissé après ses derniers déplacements. D’ailleurs, British Airways ont chargé pour ça 72€, pendant que même avec EasyJet c’était gratuit. La caisse n’a survécu ni aux 9 heures d’escale à Londres ni à la pluie, elle est officiellement enterrée.

En Islande : Malgré nos attentes et prévisions nous n’avons pris aucun bus sur tout le trajet. Une fois que nous en étions proche le conducteur a dit que cela n’était pas possible, ainsi la question fut résolue. Pourtant, on a entendu que d’autres cyclistes ont réussi à embarquer leur tandem dans des bus, mais soyez sûrs, qu’avec les vélos normaux ça passe très bien. (il faudra payer par contre)

Quitter l’Islande : Nous avons fait la plus grande erreur possible – on est revenu sur le continent en bateau. Puisqu’il n’y avait plus de caisse, nous pensions que cela serait plus facile pour le tandem (et c’était en partie vrai). Mais il fallait toujours prendre l’avion pour aller jusqu’à Egilsstaðir et ce fut drôle. On soupçonnait que pour les vols domestiques de petits avions étaient employés, c’est pour cette raison que nous avons écrit un mail détaillé et que nous sommes même venus exprès pour savoir si le tandem pouvait entrer dans l’avion ou pas. D’après leurs réponses c’était possible. Mais bien sûr, le Jour-J on nous refusa l’embarquement. Heureusement après quelques moments de panique et de négociation nous avons réussi à démonter le vélo presque complètement et il entra de justesse.

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Comment est-ce que vous transportez votre vélo ? Est-ce qu’il y a une méthode pas trop compliqué et efficace ?

Islande à vélo

Equipement

Ou comme disent des vidéo-blogueurs « Qu’est-ce qu’il y a dans mon sac ?». Le risque de prendre beaucoup trop de choses est toujours présent, mais cette fois nous avons réalisé une optimisation héroïque et avons utilisé toutes les affaires emportées (appart la trousse de secours, dieu merci). Alors, qu’est-ce qui se trouvait dans nos sacs ?

L’équipement de camping : 1 tente, 2 sacs de couchage Marmot, 2 tapis de sol isolants, 2 sacs à viande, 2 oreillers gonflables

L’équipement de cuisine :1 thermos (1l), 2 tasses, 1 poêle, 1 assiette, 1 casserole, 1 réchaud à gaz Primus, 1 cartouche de gaz, 3 Sporks, 1 set de couverts, 1 couteau Opinel, 3 bouteilles (1l chaque) + 4 bouteilles (0,5l)

Les vêtement + autre : 4 paires de chaussettes légères, 4 paires de chaussettes chaudes, 2 paires de couvre-chaussures, 2 paires de tennis, 2 cuissards, 2 paires de jambières, 2 vestes légères jaunes fluo, 2 vestes GoreTex, 2 paires de gants légers, 2 paires de gants chauds GoreTex, une trousse hygiénique, une trousse de secours.

Electronique : 2 appareils photo + les chargeurs, 3 objectifs, 2 smartphones + les cables, 1 ipod rempli de livres audio de Harry Potter, les cartes mémoires 2x16GB + 1x32GB.

Vélo : 1 pneu de secours, 1 set de réparation pour pneu, 2 chambres d’air (pas servi), les outils de base.

Budget

Ce n’est pas un secret, que l’Islande est un pays très cher. Même plus cher que la Norvège (et cela signifie quelque chose !) mais si en Norvège pour le prix exorbitant le niveau de service est au moins correspondant, en Islande ce n’est pas pareil. La principale charge sur le budget était la nourriture (sans compter les billets pour venir en Islande). Les cyclistes n’ont pas de besoins trop coûteux, après tout. Le logement est un danger possible, mais après avoir essayé quelques fois des campings officiels, nous avons vite compris que c’était une dépense inutile, et pour la suite nous avons opté pour le camping sauvage.

Un autre point qui peut amener n’importe qui à la faillite financière sont les activités touristiques. Whale Watching ? Randonnée sur le glacier ? La promenade en bateau ? «Northern Light safari »? (pourquoi les gens choisissent de payer pour la chose que tout le monde peut voir euh dans le ciel ?) Même les activités les plus stupides comme la balade à cheval, ou rafting coûtent au minimum 60€ (par personne !). N’oubliez pas non plus que vous serez accompagnés par une vingtaine de touristes. Est-ce que nous regrettons de ne pas avoir fait de vrais « trucs » islandais comme le snorkelling à Thingvellir ?

Non. Nous avons vu les aurores boréales, une baleine, des macareux, nous avons touché le glacier, nous avons pêché, et nous avons profité de sources chaudes sans payer quoi que ça soit.

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Cependant, le coût total du voyage fait mal. D’après toutes les combinaisons d’humeur ou de circonstances différentes, notre budget par jour et par personne ressemblait au suivant :

Journée basique Journée quand on a besoin de burger support moral Journée quand on n’en peut plus
Camping sauvage Camping officiel Une chambre chez Airbnb (hôtel)
3 repas de supermarché 2 repas de supermarché 2 repas de supermarché
1 burger 1 restaurant
2000 KR 4000 KR 15 500 KR (+3000 KR si c’est un hôtel)

Logement

Hôtels : Absurdement cher. Impossible de faire avec moins de 100€. Les auberges de jeunesse peuvent être moins chères, mais franchement, personne n’aimerait payer pour la chambre qui ressemble à une pièce défoncé de campus 60-80€ (cela dépend aussi si vous voulez les draps ou pas)

Airbnb : La meilleure alternative pour le séjour confortable dans les « grandes » villes. Moins cher que les hôtels, meilleures conditions, l’attitude plus chaleureuse. Il faut s’y prendre en avance, par contre.

Les réseaux d’hébergement : Même s’il existe plus de 10 000 membres sur CouchSurfing nous n’avons pas réussi à trouver un hôte. Soit ils sont tellement débordés par les requêtes, soit leur dernière connexion remonte à il y a 3 mois. Par un heureux hasard, nous avons été hébergés une fois via WarmShowers, mais au début ce n’était pas gagné non plus.

Campings : Ne faites pas la même erreur que nous avons fait au début : évitez les campings. Oui, parfois c’est difficile (comme à coté du lac Myvatn ou sur les îles Vestmann), mais pour le prix qu’on vous demande de payer pour le camping vous recevez dans la plupart des cas rien à part le droit de poser votre tente sur la terre. Ils sont sales, mal organisés et chers. Nous avons dormi dans les campings uniquement dans les endroits trop touristiques (Geysir, Vik) ou si c’était trop près du centre-ville.

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Camping sur les îles Vestmann

Camping sauvage : On n’a eu aucun problème avec le camping sauvage, et ainsi on ressent l’Islande plus fort, plutôt que d’être un des centaines de touristes avec les même guides de voyage au camping quelconque. Cependant, même si l’Islande est un pays désert, il n’est pas toujours facile de trouver un bon endroit pour planter la tente pour trois raisons :
trop humide. Même l’herbe la plus attirante se révèle d’être une véritable éponge dès qu’on y met le pied.
trop dur. Pas très confortable de dormir sur les champs de lave.
trop privé. Eh oui, toutes ces espaces appartiennent à quelqu’un et ce quelqu’un n’oublie jamais de mettre une barrière, souvent électrifiée pour les protéger. Pas étonnant, vu que le respect de nombreux voyageurs n’est pas toujours au top.

Dans de tels cas nous nous contentions de dormir à côté de la route.

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Camping sauvage près d’Egilsstaðir

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Hygiène

Si nous ne restions pas dans les campings, où est-ce que nous lavions nos corps odorants ? La solution est simple et géniale – les piscines. C’est la seule choses qui coûte moins qu’ailleurs. Pour 3-4€ vous avez un accès illimité à d’excellentes piscines qui proposent également des jacuzzi à diverses températures (entre 37 et 42°C). Même dans les villages très peu peuplés vous trouverez certainement une piscine. Attention, 99% des piscines sont à l’air libre sous le joli (et pluvieux) ciel islandais.

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Hot tube dans l’est

La météo ? Surprise !

Un conseil très simple : oubliez l’existence de la météo puisque le temps islandais n’est pas prévisible. Il ne reste qu’à se détendre et à accepter les choses comme elles sont. Nous consultions la seule source principalement pour savoir la direction du vent. Le temps change toutes les demi-heures, et c’est exactement ce qui constitue l’attrait de l’Islande pour les photographes.

Nous avions beaucoup de chance d’après les standards locaux, car sur 40 jours de route il n’y avait que 7 jours de pluie forte. Pas aussi mal, après tout ! Le vent est le pire, mais vu qu’il change de direction, nous avons vécu des jours quand on se posait la question pourquoi faire tout ça, ainsi que des jours où la vitesse moyenne était incroyable grâce au vent de dos. Un point important : le temps dans la région Sud-Ouest est beaucoup plus instable que dans la région Nord-Est. Certaines familles de Reykjavik possèdent même des cottages d’été au nord du pays pour profiter du soleil !

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Alimentation

La question qui nous perturbait le plus avant notre départ était quelle quantité de nourriture et d’eau faut-il emporter avec nous ? à quelle fréquence peut-on rencontrer un supermarché ? Ou une station-service? Est-ce que nous mourrons de faim ou pas cette fois ?

Puisque nous suivions principalement la route 1, nous avons vite compris que ce n’était pas la peine d’emporter 10 sachets de plat lyophilisés. Presque tous les jours il y avait une possibilité de remplir notre stock. Nous avions toujours 6l d’eau et 1l de thé. Parfois nous pêchions du poisson dans les ports avec la canne achetée dans les stations service :)

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Sécurité

Je pense il n’existe pas d’endroit plus calme que l’Islande. Pas de risque de vol, kidnapping ou je ne sais quoi d’autre.

Par contre, nous ne nous sentions pas trop à l’aise sur les routes. On a eu parfois l’impression que les conducteurs locaux ne sont pas habitués à côtoyer des vélos, heureusement que la zone de camion trop pressés se limite à 100 km autour de Reykjavik, après ça devient beaucoup plus tranquille.

Problèmes techniques

Notre tandem se comporta très bien pendant tout le voyage, seul bémol, le pneu arrière à la fin s’est déchiré même s’il était d’excellente qualité, un Schwalbe Marathon. Cet incident est du partiellement au poids qu’il devait supporter, partiellement à la qualité des routes qui laisse à désirer. L’asphalte est très abrasif comme s’il était fait à partir de cailloux aiguisés collés ensemble. Ceci nous permis d’utiliser le pneu que nous avions apporté.

La tente, au contraire, a été bien abîmé à cause du vent. Rien de sérieux, mais un des supports métalliques de l’armature s’est complètement plié, maintenant la tente ressemble une grenouille avec une jambe cassée.

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Est-ce que ça valait le coup ?

Oui. Malgré le froid, malgré la pluie et les difficultés nous n’avons pas regretté d’avoir fait ce voyage à vélo. Au début nous pensions sérieusement à tout abandonner et louer une voiture comme tout le monde fait. (Ou même plus radical – de prendre l’avion et continuer le voyage aux Pays Bas :) Dieu merci, nous avons surpassé cette envie. Premièrement, c’est une question d’habitude – le corps humain peut s’habituer à n’importe quoi, il a simplement besoin d’un peu de temps. Secondement, nous sommes vite entrés dans la zone où « il fait beau ». Nous avions le sentiment de faire partie du paysage, d’être un des éléments de l’Islande et vice versa. La décision fut prise : faire plutôt les voyages à vélo à chaque fois que ce sera possible.

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Encore une chose…

Vous ne rêvez pas par hasard de perdre du poids ? 40 jours à vélo en Islande est exactement ce dont vous avez besoin dans ce cas – nous avons perdu 4 kg chacun ! ;)

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Jetez un coup d’œil sur notre infographie sur notre voyage en Islande !