Juillet 2018

Je continue avec les articles sur l’Angleterre que depuis des années je remettais à plus tard. Cette fois, j’ai eu une touche de nostalgie pour l’un de nos derniers voyages dans le Sud, quelques semaines seulement avant de déménager à Cherbourg et de tourner ainsi notre page du Royaume-Uni. Il nous restait la dernière chose à faire avant notre départ : visiter Hastings. Non pas que ce soit une ville particulièrement spectaculaire, bien au contraire – elle est très similaires avec d’autres villes balnéaires du sud (un mélange d’Eastbourn, de Broadstairs avec une touche de Brighton). C’est plutôt pour son importance historique que nous sommes venus.

C’est à Hastings qu’a eu lieu l’une des batailles les plus célèbres de l’histoire britannique, façonnant ainsi l’histoire de la Grande-Bretagne et de l’Europe telles que nous les connaissons aujourd’hui. Tout le monde connaît Guillaume le Conquérant, le duc de Normandie, qui a vaincu le rois anglais Harold II. Nous l’apprenons dans des écoles du monde entier. Y aller ressentait un peu comme un pèlerinage, et notre départ du Royaume-Uni ajoutait une certaine gravité à cette visite, surtout en prenant en compte la destination où nous allions passer un bout de notre vie.

Nous avons commencé par une légère promenade sur le bord de mer malgré un certain poids sur le cœur. Nous ne voulions pas quitter Londres, commencer une nouvelle vie semblait effrayant, la question financière nous fatiguait et être coincé dans cette boucle d’émotions était très épuisant. Pour des raisons plus personnelles, nous étions tous les deux plutôt déprimés et ce voyage était loin de nos escapades joyeuses qui donnent du goût à nos vies.

Mais Hastings n’y était pour rien. Nous avons adoré les vieilles cabanes de pêcheurs, l’air maritime et les cris de mouettes (à Cherbourg on en souffrira pas mal !). Une glace obligatoire, une balade sur la jetée. Nous avons même fait notre première photo dans une cabine automatique où nous rions, nous embrassons et faisons des grimaces, comme dans des comédies romantiques idiotes. Cette photo nous accompagne depuis – elle change d’étagère mais reste toujours devant nos yeux.

Champ de bataille d’Hastings

Puis il y a eu le champ de bataille d’Hastings. Déjà nous sommes tous deux très sensibles par rapport à ce sujet et adorons nous plonger dans les réflexions sur l’histoire, la brièveté de la vie et notre rôle microscopique dans l’Univers (on est vraiment fun !), la vision du champ de bataille nous a bouleversés. En voyant à quel point la bataille était ridicule et primitive, à quel point les vies humaines étaient (sont toujours ?) dénuées de sens et de valeur, bref, ça nous a définitivement plombé l’ambiance. C’était agréable et effrayant à la fois. Aussi, c’était intéressant d’apprendre que les Anglais ne voient pas nécessairement la défaite d’Harold de la même manière que les Français – qui aurait pu le deviner ?

Epilogue

Deux semaines plus tard, nous avons quitté le Royaume-Uni. Nous sommes revenus plusieurs fois pour passer de 5 à 14 jours dans notre ville préférée. En 2020, nous avons rendu notre appartement à Londres et avons abandonné nos espoirs ambitieux d’y acheter une propriété (mdr) et d’y avoir notre résidence permanente. Nous avons découvert que la vie en dehors de Londres existe aussi et – oh, comme cette vie peut être belle ! En novembre 2018, nous avons visité Bayeux, où se trouve la célèbre tapisserie qui nous raconte l’histoire de la bataille d’Hasting pas à pas, directement du XIe siècle. J’aime quand les circonstances s’arrangent d’une manière qui laisse croire que tout dans nos vie a été cousu exprès.