Médina de Tunis : tout ce qu'il faut savoir

Avril 2019

Si vous avez déjà été dans un des pays du Maghreb, vous devez connaître ce qu’est une Médina. Médina signifie en arabe tout simplement « la ville » et est le plus souvent utilisée pour désigner la vieille ville dans les pays d’Afrique du Nord. Vous avez vu sans doute les photos des ruelles étroites formant un labyrinthe où il est impossible de se repérer, les souks – les marchés et de petits commerces vendant tout ce qu’on peut imaginer – des épices jusqu’aux cages pour les oiseaux censés apporter la chance à son propriétaire. Qui n’a pas déjà rêvé d’un thé à la menthe fort en sucre entouré de tapis aux motifs traditionnels ?

Pour nous ce rêve d’ambiance Orientale s’est réalisé à Tunis. Faisant partie de la liste de l’UNESCO, la Médina de Tunis possède plus de 700 monuments, y inclut les mosquées, les mausolées, les petites places et les dars (manoirs) âgés de plusieurs siècles. Il serait donc dommage de prendre moins d’une journée pour explorer ses rues tortueuses.

Depuis l’attentat dans le musée Bardo en 2015, le tourisme à destination de la Tunisie a décliné, et tandis que la plupart des voyageurs se rendent au Maroc pour plonger dans l’ambiance orientale, la Tunisie reste sur la touche avec très peu de touristes – nous avions la vieille ville quasi entièrement pour nous.

La Médina de Tunis : mode d’emploi

Tout d’abord évitez la Médina le vendredi et le dimanche – ces jours-ci la plupart des restaurants et des souks seront fermés.

L’entrée principale de la Médina s’appelle Bab El-Bahr, ce qui veut dire la porte de la mer, mais elle est plus connue sous le nom de Porte de France. Dès que nous sommes entrés dans la Médina, tout un nouveau monde s’est ouvert devant nos yeux, contrastant très fort avec la Nouvelle ville de Tunis que nous avions visitée la veille – plus de détails dans l’article sur notre itinéraire en Tunisie. Il est difficile de croire que c’est le vrai cœur de la ville, que ce ne sont pas les décors pour un tournage de film, mais qu’il s’agit de vraies rues avec de vrais commerces pour des gens bien réels. Attention, il y en a 110 000 qui vivent dans la Médina de Tunis, ce qui fait une dixième de population de la ville entière !

Bien que la structure et les frontières de la Médina paraissent chaotiques, toute division est soumise à une organisation très logique selon le statut social de ses habitants. Pour un visiteur il est toutefois impossible de s’orienter dans ce labyrinthe. Pour rendre les choses encore pire, les navigateurs ne captent quasiment aucun réseau, il vaut mieux ne pas trop compter là-dessus non plus. Nous avions téléchargé la carte de Tunis sur maps.me et avions mis des repères sur les endroits qui nous intéressaient. Malgré la mauvaise connexion, c’était tout de même d’une grande aide et les suggestions de maps.me et de Google maps donnent aussi des idées sympas des choses à voir. Nous avons attaché notre carte à la fin de cet article.

Malheureusement, suite au déclin du tourisme, beaucoup de monuments historiques ont été fermés au public, certains d’entre eux sont fermés pour restauration sans aucune date d’ouverture communiquée. Et bien sûr, la plus grosse source de frustration est le fait, que l’entrée dans les Mosquées avec leurs cours sublimes (et il y en a plus de 20 dans la Médina !) est interdite aux non-musulmans.

Et puis, comme d’habitude, perdez-vous. Suivez vos instincts en explorant ces rues tortueuses, essayez d’entrer dans les Dars, admirez ces portes fantaisies, peintes souvent en jaune – la couleur sacrée, décorées avec des clous qui sont censés éloigner le mal. Tout ça sous les yeux très attentifs et soupçonneux des hordes de chats.

Les Souks

Comme les quartiers d’habitations, les souks de la Médina sont, eux aussi, organisés d’après leur niveau de prestige – des librairies situées près de la Mosquée principale jusqu’aux tanneries en bout de ville, en passant graduellement par les souks vendant les parfums et les huiles essentiels, les babouches – les chaussures traditionnelles, les cheicha – le chapeau tunisien omniprésent, et les orfèvreries. Que dire, nous avons craqué.

Aussi attirante et vibrante qu’elle puisse paraître, mais plus on s’éloigne de la rue principale – Jamâa-ez-Zitouna, plus le rapport qualité-prix sera meilleur. Si vous avez de la chance, vous pourrez tomber sur des artisans en train de fabriquer les produits dans leurs petits ateliers – ou bien directement dans la rue. Certains souks se trouve à l’extérieur, d’autres sont cachés dans des passages sous les voûtes – quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à plonger dedans en suivant votre intuition si jamais votre navigateur vous lâche.

Où manger et boire un thé dans la Médina ?

Chez Khairi – 32 rue Des Glacieres

Un endroit excellent avec une cuisine simple mais très délicieuse et un propriétaire chaleureux (qui nous a même offert une soupe !) Le moment-phare de ce repas fut une petite touche locale – être aspergé par l’eau parfumée à la fleur d’oranger à la fin du repas, selon la tradition tunisienne. La chose que nous avons aimée le plus est l’interdiction de fumer à l’intérieur du restaurant. La Tunisie est un véritable cauchemar pour les non-fumeurs, un restaurant avec l’interdiction de fumer est une perle rare.

Café Panorama – 27 Souk Trok

Non seulement c’est une bonne occasion de voir la cour de la Mosquée Zitouna, mais c’est aussi un lieu excellent de faire une pause thé (à la menthe !) avec une vue époustouflante sur la Médina. C’est une récompense magnifique après une longue et fatigante journée de balade.

Tant que vous êtes là, montez sur la terrasse du petit magasin-musé Ed-Dar pour plus de vues de la vieille ville. Il se trouve juste en face du Café Panorama, vous n’avez qu’à entrer dans la boutique et passer vers la terrasse ensuite. La vue sera assez similaire à celle qu’on voit depuis Panorama Café, mais avec beaucoup moins de monde et avec une belle arche en tant que bonus.

Vendeur ambulant de thé – Quelque part dans la Médina

En vous baladant dans la Médina, vous tomberez 100 % sur cet homme qui rapidement est devenu (au moins pour nous !) une légende, car on l’a vu littéralement sur chaque blog, vidéo (à regarder absolument !), ou collection photo sur Tunis. Lorsqu’il nous a proposé du thé, nous avions l’impression d’avoir rencontré une star. Le prix de son thé reste libre – on donne ce qu’on veut, et puis on laisse sa tasse dans la rue – il la récupère après. Ne quittez pas Médina sans avoir goutté de son thé !

Info pratique

Choisissez pour visiter la Médina un autre jour que vendredi ou dimanche.

N’achetez rien dans la rue Jamâa-ez-Zitouna pour éviter de tomber sur du Made in China.

N’hésitez pas à demander le chemin aux locaux. Ils sont toujours heureux d’aider sans rien demander en retour – tant pis pour les stéréotypes.

Téléchargez une carte qui fonctionne hors ligne et mettez les points qui vous intéressent.

N’ayez pas peur de marchander (soyez pas comme nous). C’est un conseil évident mais on peut vraiment réduire le prix par quatre du chiffre initial. Ce processus nous incommode et nous nous sentions très mal à l’aise de le faire, mais ici les choses fonctionnent ainsi.

Même si nous étions surpris de ne pas avoir plus de tentatives de nous arnaquer, il faut quand même rester vigilant et méfiant. Pas trop pour ne pas insulter les âmes sincères mais ne laissez personne de vous ramollir avec les histoires de la vie pauvre d’un simple marchand. Parfois c’est plus subtil que ça. Vous entrez dans une conversation agréable avec un passant et cinq minutes plus tard vous découvrez – quelle coïncidence ! – que votre nouvel ami tient une petite boutique d’huiles essentielles et, comme par hasard, il n’a encore rien vendu de toute la journée, mais il serait ravi de vous faire découvrir sa petite boutique familiale. La question pourquoi il était en train de se balader dans la rue au lieu de vendre ses produits nous est venue dans la tête beaucoup plus tard, mais là nous ne pouvions pas refuser, non ? Bref, nous sommes repartis avec une bouteille d’huile au citron et la bataille pour ne pas acheter plus était dure, sachez-le ! Notre ami après une situation similaire est reparti en France avec un tapis. Comme disait Maugrey Fol-Œil – Vigilance constante !