Mai 2021

J’ai rencontré Flo pendant qu’on vivait encore à Pau. Nous nous sommes immédiatement entendus grâce à notre amour commun pour les poules et l’agriculture. Il y avait cependant une petite différence dans notre amour et notre dévouement. Tandis que Xavier et moi étions de timides débutants avec un mètre carré de tomates inondées sans pitié par les pluies à Pau, Flo, comme je l’ai vite découvert, possédait avec deux de ses amis une ferme. C’était leur projet, leur travail et leur bébé. J’avais très envie de venir voir ce que c’était et presque un an après notre rencontre, j’ai pris un bus depuis Toulouse en direction d’Higas – il était temps de voir cette fameuse Ferme du Higas.

La pépinière
Flo avec Belle, Bulle et Rebelle

🐓 La Ferme du Higas

Florian, Frank et Thomas ont acheté il y a quelques années une maison avec un territoire de 7 ha dans le but de démarrer leur propre ferme biologique. Le travail a été dur et a demandé beaucoup d’efforts financiers et de temps, mais les voici : 3000 m2 de potagers, d’herbes aromatiques, 150 arbres fruitiers, des baies, des vignes, des dizaines de poulets, trois moutons et des projets ambitieux, y compris leur propre ferme apicole et des cabanes B&B pour les touristes et les voyageurs qui souhaitent se détendre dans une ferme authentique avec une vue fantastique sur les montagnes des Pyrénées. Lorsque j’ai visité la Ferme du Higas, ils étaient en pleine campagne de financement participatif dans le but de construire une nouvelle pépinière et un espace de conservation. Comme je l’ai dit, leurs projets vont bien plus loin que cela.

Frank sur le tracteur

🐓 La vie sur la ferme

Je ne vais pas prétendre qu’en deux jours j’ai compris tout le fonctionnement de la ferme. Sa vie est guidée par les saisons, qui déterminent les travaux dans les jardins ainsi que tout le programme quotidien. Je peux seulement dire que j’ai été étonnée par la fluidité de son fonctionnement (du moins de mon point de vue inexpérimenté) – mais je ne peux que m’interroger sur le niveau de gestion que cela peut exiger.

L’emploi du temps quotidien comprend le travail dans les jardins proprement dits, le ménage, la cuisine, le bricolage de millions de petites choses à réparer et à construire, mais aussi un travail à temps partiel pour certains gars et des réunions quotidiennes pour discuter des problèmes et des projets actuels.

Mon moment préféré de la journée est l’heure du déjeuner, lorsque certains membres de la famille agricole grandissante se réunissent pour cuisiner pour tout le monde dans une ambiance conviviale. Je les ai observés avec une grande admiration. Les wwoofers, les amis ou les visiteurs accidentels comme moi vont et viennent, il y a donc toujours quelqu’un pour partager des histoires et discuter.

🐓 La maison

Chaque petit détail dans cette ferme m’a fascinée. Étant citadine la majeure partie de ma vie, je n’ai que des souvenirs gravement idéalisés de mes étés d’enfance chez mes grands-parents dans le sud de l’Ukraine, et même si ce sont deux mondes complètement différents, j’éprouvais de la joie à chaque fois que j’en reconnaissais un détail ou autre de mes souvenirs archivés. Des bottes dans le couloir, des livres sur l’agriculture, le doux bourdonnement des insectes, une fraîcheur agréable, de petites enveloppes contenant des graines et le calme paisible de l’après-midi – je me sentais à nouveau comme un enfant.

Les graines pour la prochaine saison

C’était le mois de mai et même si dans le Sud il fait déjà assez chaud, j’ai eu la chance de profiter de la ferme avec des conditions météorologiques différentes – de fortes pluies à une chaleur printanière assez intense, qui m’a rappelé amèrement que je souffrais du rhume des foins. J’ai donc apprécié la pluie de tout mon cœur.

J’ai pas mal repensé à notre week-end à Norfolk et à la magnifique ferme dans laquelle nous avons séjourné. Un autre monde mais on y retrouve ces beaux éléments de la vie dans une ferme.

Cooking process

🐓 Wwoofing

Je n’étais pas la seule invitée ce jour-là. Dans la Ferme du Higas  il y a toujours quelqu’un en visite – les amis, les connaissances et les wwoofers – les gens qui viennent séjourner et travailler à la ferme avec hébergement et nourriture fournis. Une excellente façon de se déconnecter de la vie citadine et de renouer avec la nature. Aussi cliché que cela puisse sonner, c’est exactement ce que l’on ressent. J’ai eu aussi ma petite part des travaux agricoles – mes grands-parents seraient étonnés d’apprendre que leur petite-fille passait volontiers un après-midi à planter de la laitue. Que puis-je dire, j’ai beaucoup changé depuis l’âge de dix ans, lorsque le jardin potager semblait être la chose la moins intéressante du monde. Mes points de vue sont très différents en ce moment…

Plantation de la laitue
Qu'est-ce que je les adore...
Une larve de coccinelle
Préparation des panaïs pour la livraison
Souvenirs de Wwoofing

🐓 La livraison des légumes

Alors, qui sont les acheteurs des légumes de la ferme ? Comme les trois fondateurs ont de la famille et des relations à Toulouse, une grande partie de leurs produits sont directement destinés aux restaurants de la ville. Je me suis fait un devoir d’aller manger dans un de ces restaurants (Cécile) – savoir d’où exactement proviennent les légumes dans mon assiette me remplissait d’une fierté bizarre. Une autre partie de la production est destinée aux particuliers qui « s’abonnent » pour recevoir une caisse surprise avec les légumes de saison récoltés le jour même. Chaque semaine, ils viennent à un petit marché coopératif où l’un des gars vient avec les caisses. J’ai suivi tout le processus de préparation et encore une fois, j’étais aux anges.

Du jardin à la table

🐓 Epilogue

Nous ne pensons pas souvent au voyage que font nos aliments avant d’atterrir dans nos assiettes. Nous les prenons souvent pour acquis et jeter les restes est une pratique commune dans beaucoup de familles. Je me demande comment l’attitude des gens changerait si tout le monde se rendait dans une telle ferme au moins pour comprendre à quel point il est difficile de faire pousser cette nourriture, de conserver sa qualité, de lutter contre les éléments et à la fois protéger la nature. Quel privilège nous avons de ne pas nous soucier de ce que nous allons manger aujourd’hui. Et combien peu les personnes les plus essentielles – celles qui travaillent dans l’agriculture – reçoivent en retour.

Un grand merci à Flo de m’avoir fait découvrir ce monde d’un peu plus près. Mes condoléances pour la cinquantaine de poules tuées par un animal inconnu deux jours avant mon arrivée.